C’est la grande affaire du moment : le restaurant Quick de Roubaix a retiré la viande de porc de sa carte, et voilà que les politiciens s’en mêlent.
Le maire (PS) de la ville, René Vandierendonck, et monté au créneau le premier dans le journal La Voix du Nord : selon lui Quick pratique une mesure discriminatoire et communautariste. “Je dis oui à la diversité, et non à l’exclusivité”, déclare-t-il au journal. C’est ensuite au tour de Marine Le Pen (FN) de “rentrer dans le lard” (pardon pour le jeu de mot) du maire en l’accusant de saisir l’occasion pour tenter de voler des voix au FN pour les prochaines élections régionales. “Il ne s’est jamais prononcé sur la question. Et là, il fait une grande annonce qui d’ailleurs ne tient pas juridiquement. C’est grotesque !” précise-t-elle au Figaro.
Nos lecteurs et nos lectrices savent que Quick teste le marché des produits halal depuis un bon moment déjà. La direction de Quick s’est même manifestée sur nos lignes pour expliquer sa démarche. Mais que la politique s’en mêle devient très gênant : aucun Quick halal n’interdira à un non musulman de manger de la dinde plutôt que du porc. Et si le porc était trop cher, et qu’il faille le remplacer par de la dinde, cette décision purement économique ne choquerait personne. C’est bien parce qu’il s’agit de la communauté musulmane, considérée comme potentiellement rentable sur le plan économique que les esprits s’échauffent.
Mais à partir du moment où aucune liberté fondamentale n’est bafouée par Quick, à partir du moment où aucune ségrégation de fait n’est pratiquée, aucune interdiction, aucun rejet de qui que ce soit, on est en droit de se demander ce que la sphère politique a à gagner à entrer sur un terrain qui n’est pas le sien. La liberté d’entreprendre dans le respect de la loi est fondamentale. Vendre de la dinde plutôt que du porc est un choix économique qu’aucune loi n’interdit. Cibler les consommateurs musulmans plutôt que chrétiens sans pour autant exclure les uns ni les autres, non plus. C’est pourtant ce vers quoi tend ce débat nauséabond.
2 Comments
Mon cher monsieur,
Je ne sais pas de quel religion êtes même si la question n’est pas là, mais quand vous allez dans un KFC (par exemple) et qu’on vous propose que de la volaille, avez vous déjà réclamé d’avoir du porc ou de la viande de boeuf ?
Quick a fait un choix de ne vendre qu’un certain type de viande aux consommateurs dans un pays soit-disant laïc, devons-nous le lui interdire ? et pour quelle raison ?
Si c’est la cas je souhaite qu’on interdise la non diversité dans tous les restaurant qui ne propose ni casher ni hallal !!!
Pour moi chaque restaurateur a le droit de vendre la viande qu’il désire et ce n’est pas au consommateur de lui dicter ses choix : si ça vous plais tant mieux, sinon allez voir le concurrent 😉
Et pour en revenir à la viande de porc et à la religion, puisque vous parliez de “coran sur une chaise”, je vous invite à lire (ou à relire) la Sainte Bible, il est dit:
“Vous ne mangerez pas le porc, …Vous ne mangerez pas de leur chair, et vous ne toucherez pas leurs corps morts : vous les regarderez comme impurs”.
(Lévitique, chapitre 11, verset 7-8)
Ce sera tout pour moi.
Je viens de lire votre article qui m’a fait réagir.
Je suis cuisinier en collectivité. Tous les établissements dans lesquels j’ai travaillé ont toujours proposé, même lorsqu’ils disposaient d’un budget très réduit, un choix de substitution à la viande de porc pour qui ne souhaite pas en manger.
Je n’ai moi-même jamais hésiter à goûter aux produits halals qui était parfois proposés, bien que ce ne soit pas dans ma culture d’en consommer, car j’engage ma responsabilité dans ce que je sers aux consommateurs.
“Aucun Quick halal n’interdira à un non musulman de manger de la dinde plutôt que du porc”. Non, bien sûr, puisqu’il l’a paye. L’argent n’a pas d’odeur. Par la même occasion, on l’incitera de façon discrète au dégoût progressif de la viande de porc…et pourquoi ne pas laisser trainer un coran sur une chaise ? On en profitera pour le convertir.
“Et si le porc était trop cher”. Jusque là, les produit halals ont toujours été plus chers et le boeuf est toujours plus onéreux que le porc. Vos arguments économiques ne tiennent pas. J’ai déjà entendu énormément de stupidités sur la viande de porc, émanant systématiquement de gens qui n’en consomment pas. Ainsi dit le proverbe : “Quand on veut tuer son chien, on va raconter qu’il a la rage”. En voici une nouvelle qui a le mérite d’être comique.
“Mais à partir du moment où aucune liberté fondamentale n’est bafouée par Quick”. C’est bien ça qui vous échappe : la liberté exige le choix et ce choix, chez les Quicks halals, est supprimés. Là est le danger.
“Cibler les consommateurs musulmans plutôt que chrétiens”. Là aussi, le terme “halal” oblige le consommateur à s’identifier en tant que “juif”, “chrétien” ou “musulman”…dans un pays qui est une république laïque. De là, incitation au clivage entre les gens.
Votre article est malhonnête (je m’attends d’ailleurs à être censuré par un de vos modérateurs).