Les CRS de la caserne des CRS de Pondorly (94, Val-de-Marne) ont fait connaître leur mécontentement à leurs supérieurs : ayant appris qu’ils mangeaient de la viande hallal “à leur insu”, ils ont dénoncé cet état de fait en invoquant la liberté de culte et des pratiques qui y sont liées.
Sur le principe, pourquoi pas relever le problème en effet : on ne voit pas pourquoi le choix d’une nourriture adaptée à la religion de chacun serait imposée aux autres dans un espace où aucun choix n’est possible (dans leur caserne, les CRS ne peuvent pas hésiter entre Quick, McDonald’s, KFC ou un restaurant quelconque). De la même façon, et bien que consommer de la viande hallal ne soit pas interdit ni dangereux pour les athés ni pour les catholiques, on comprend que les CRS soucieux de leur identité religieuse puissent poser la question du choix de la façon dont leurs plats sont préparés.
Mais les CRS 31 de Pondorly ne se sont pas contentés de poser une demande, ni même d’appuyer une contestation. Ils sont allés beaucoup plus loin dans les mots utilisés pour dénoncer “l’atteinte à la liberté de culte” dont ils seraient victimes. Par un glissement dont on se demande d’où il vient et comment il a pu être aussi facilement légitimé, la viande hallal deviendrait un réseau finançant le terrorisme. Par un autre glissement douteux, les jeux de mots entre “liberté de culte orientée” et “orientalisée” et l’ironie mesquine de la lettre qui compare l’Islam au diabète font penser que cette histoire de viande hallal donne une excuse toute trouvée pour évacuer une rage sous-jacente contre l’Islam, sinon une haine, dont la direction des CRS a bien fait de se désolidariser.
Les mots sont moins que la façon de les dire. Le message qu’envoient ces CRS est très clair et ne concerne en rien une question de liberté de culte. Ca n’est pas à leur honneur.